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Litto Gomez : ses priorités à la tête de Procigar

Par La rédaction,
le 26 septembre 2024

L’association des producteurs dominicains lance une école nationale de rouleurs.

 

Depuis mai dernier, Litto Gomez, fondateur de La Flor Dominicana (LFD) est le nouveau président de Procigar, l’association des plus gros producteurs de cigares de République dominicaine. Il nous a exposé ses priorités lors du salon Intertabac 2024 de Dortmund.

 

Quelles sont vos priorités en tant que nouveau président de l’association Procigar ?

La première chose que j’ai faite, c’est acheter un bâtiment pour installer les bureaux de Procigar. J’ai aussi lancé la bataille contre les cigares contrefaits sur le marché domestique en République dominicaine. C’est un gros problème. J’ai eu plusieurs réunions avec les autorités, nous les formons à reconnaître les vrais et les faux cigares. Ils font maintenant des contrôles dans les magasins du pays. Par ailleurs, le 1er octobre à Tamboríl sera lancée la première académie de rouleurs de cigares en République dominicaine. Nous allons y former au roulage mais aussi au tri des feuilles, à l’écotage et à toutes les étapes de la fabrication. Nous commençons avec 40 rouleurs pour une formation de trois mois, et nous formerons donc 160 personnes par an. Nous allons aussi ouvrir un autre site à Santiago pour augmenter les capacités de formation. Une fois formés, ces rouleurs seront libres d’aller travailler où ils le souhaitent. 

 

Comment est né ce projet ?

L’Institut National de Formation Technique Professionnel (INFOTEP) est une école publique professionnelle qui forme aussi des mécaniciens, des charpentiers, des peintres en bâtiment, etc. Trouver de la main d’œuvre qualifiée est très difficile pour les fabricants de cigares. Or, notre industrie finance la formation professionnelle au niveau national par le biais d’une taxe sur chaque employé – ça représente des millions de dollars. Je suis donc allé voir les responsables en leur disant « voilà ce que nous donnons chaque année ». Ils sont maintenant très motivés et réalisent à quel point c’est important pour nous. 

 

Où en est le cigare dominicain aujourd’hui ?

Si vous regardez ce salon de Dortmund, Davidoff a eu un stand ici pendant des années bien avant toutes autres marques dominicaines [Davidoff n’a plus de stand depuis la Covid, ndlr]. Il y avait les Cubains et les seuls non-cubains étaient les Davidoff. Davidoff a familiarisé les Européens aux cigares dominicains, ils ont ouvert les esprits à de nouvelles saveurs de sorte que les amateurs se débarrassent de cette idée que si le cigare n’a pas le goût d’un havane, c’est un mauvais cigare. C’est juste une proposition différente. Personne au Nicaragua, au Honduras ou en République dominicaine ne cherche à faire un havane. Nous faisons ce que nous faisons. Petit à petit, les amateurs ont compris qu’il y avait désormais une très large offre de goûts qui peut correspondre à différentes occasions, différents moments de la journée… La nouvelle génération l’a très bien compris, même en Europe. Et ces dernières années, le manque de cigares cubains a accéléré ce processus qui, sans cela, aurait peut-être pris 10 ans supplémentaires mais serait de toute façon advenu. De notre côté, il faut aussi que nous soyons en mesure d’augmenter les livraisons, ce qui va prendre quelques années. 

Litto Gomez (au centre), sur le stand La Flor Dominicana pendant le salon Intertabac 2024 (© DR)

Vous travaillez aussi à la promotion de l’image du cigare dominicain. 

Je fais visiter ma manufacture à des ambassadeurs qui représentent la République dominicaine partout dans le monde. Je leur explique aussi que jamais une étude n’a démontré que le cigare tue. Je leur fait comprendre que le cigare est quelque chose dont ils doivent être fiers. A l’issue d’une réunion avec le ministre du Tourisme [dominicain»] sur la contrefaçon de cigare, je lui demande « Monsieur le ministre, est-ce que vous fumer le cigare ? » Il me répond que non. Puis je lui demande : « connaissez-vous la différence entre un cigare et une cigarette ? » Il me répond : « Pas vraiment… » Je lui ai expliqué, bien sûr, mais j’ai réalisé à quel point ces gens en savent peu sur notre travail. Je vais essayer de faire changer ça. Ça va prendre du temps mais tout le monde va savoir ce que nous faisons. 

 

Maintenant, vous avez deux casquettes. Comment partagez-vous votre temps entre la direction de La Flor Dominicana et la présidence de Procigar ?

Je pense que je dois quelque chose à cette industrie. J’y suis entré tardivement, sans avoir de lien avec ce monde et ça a complètement changé ma vie. Mes fils sont en train de prendre de plus en plus de responsabilités chez LFD. J’ai refusé plusieurs fois de vendre mon entreprise parce que je l’ai construite pour mes enfants – avec le risque qu’elle ne les intéresse pas. Mais je suis béni : ils adorent le cigare. 

 

Propos recueillis par Laurent Mimouni, envoyé spécial à Dortmund (Allemagne)