La Flor de Ynclan : 10 ans de préparation..
La Flor de Ynclan, c’est l’histoire d’un cigare éteint pendant bien longtemps et qui s’est rallumé cette année par la volonté de deux hommes. Récit.
Par Jean-Baptiste Bourgeon
Ses toutes premières volutes, qui ont enveloppé en juillet dernier la 85e convention de l’IPCPR (International Premium Cigar & Pipe Retailers) à Las Vegas, nous ont fait replonger tout juste dix ans en arrière…
Nous sommes en 2007. Le grand fabricant suisse Heinrich Villiger veut faire revivre La Flor de Ynclan, une ancienne marque cubaine très célèbre dans les années 1900. À ses côtés, José Matias Maragoto, un fabricant de cigares quasi inconnu. Leurs routes se sont croisées à Saint-Domingue vingt-deux ans plus tôt alors que Maragoto se reconstruisait une nouvelle vie loin de La Havane.
Le géant du tabac suisse, qui écoule près de 1,5 milliard de cigares chaque année, main dans la main avec le petit torcedor cubain… L’image est forte, d’autant que sur le papier, tout les oppose : deux milieux et deux visions radicalement différentes, mais ce qui lie les deux hommes, c’est leur amour commun pour le cigare. Ensemble ils veulent créer une ligne d’une grande qualité, la quintessence de leurs savoir-faire respectifs, pour faire revivre un nom au passé glorieux.
Un premier petit lot de La Flor de Ynclan voit alors le jour mais le succès n’est pas au rendez-vous. Si les vitoles sont honnêtes, elles sont loin des attentes des deux hommes. Très vite, la production cesse et le tabac est mis de côté pour être vieilli. Ce pourrait être la fin de l’histoire, mais…
Eloge de la patience
Le tabac remisé va attendre dix ans avant de repasser entre les mains de José Matias Maragoto. Lequel va minutieusement modifier, réajuster et améliorer le mélange : des tabacs venus de quatre pays différents pour des cigares entièrement confectionnés à la main dans la manufacture Abam, en République dominicaine. Heinrich Villiger, plutôt habitué aux cigares machine, voulait faire de La Flor de Ynclan un chef-d’œuvre du fait main. Il a investi la patience et les efforts nécessaires au service de ce projet de renaissance qui lui semble bel et bien réussi aujourd’hui : « La Flor de Ynclan est un cigare qui offre une expérience originale, en raison du vieillissement prolongé du tabac. Le choix du tabac de tripe, nicaraguayen et dominicain, ainsi qu’une vraie sous-cape indonésienne, le tout enveloppé dans une belle feuille équatorienne : La Flor de Ynclan est le cigare dont nous avions rêvé il y a plusieurs années avec Matias Maragoto. »
En France en 2018
Côté saveurs, ce nouveau Flor de Ynclan est assez intense sans être trop puissant et exhale une fumée généreuse porteuse de notes de bois et d’amande, ainsi que de saveurs pâtissières. Le label est décliné en trois formats qui seront disponibles au printemps 2018 en France et dans toute l’Europe : Robusto, Torpedo et Churchill, tous présentés en boîtes de vingt-cinq unités pour un prix allant de 11 à 12 dollars pièce. Visuellement, le changement est aussi au rendez-vous. Paré de ses deux bagues, l’une bleu roi, l’autre gris foncé et rouge, reprenant les armoiries en relief de la maison Villiger, l’ancien logo de La Flor de Ynclan – une déesse – a été modernisé.
Après une décennie de patience et de détermination, la rencontre entre le géant du cigare et le petit artisan semble couronnée de succès.
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Villiger, le géant suisse
Villiger Cigars a été fondée en 1888 par Jean Villiger dans la petite ville de Pfeffikon, en Suisse, où son siège social est toujours domicilié. Après la Première Guerre mondiale, elle se distingue en créant le Villiger Rillos, le tout premier cigarillo avec filtre intégré. En 1950, la société est reprise par l’arrière-petit-fils de Jean, Heinrich, qui en fait une marque internationale. Depuis une vingtaine d’années, Villiger Cigars, essentiellement spécialisée dans les cigares machine, élargit son offre en proposant des lignes premium de cigares faits main : Villiger 1888, Libertad, Villiger-San’Doro Colorado… Aujourd’hui, elle confectionne plus de 1,5 milliard de cigares par an dans ses usines de Suisse, d’Allemagne, d’Indonésie, de République dominicaine et du Brésil.
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