Covid-19 à New York : les civettes s’adaptent tant bien que mal
Débitants et bars à cigares de la Grosse Pomme ont pu rouvrir, mais le spectre de nouvelles restrictions inquiète.
L’existence a presque repris son cours normal à New York. Les restaurants ont, pour la plupart, installé des terrasses temporaires avec des tables en bois qui grignotent une partie de la route et du trottoir ; les clients en robes et bras de chemise y profitent de la météo clémente, de nombreux habitants viennent bronzer sur les pelouses de Central Park, et les passants se frôlent à vive allure sous les panneaux de Times Square. Mais malgré une météo plus estivale qu’automnale, c’est un climat d’inquiétude qui règne parmi les professionnels du cigare new-yorkais.
Si la plupart des règles ont été assouplies, permettant aux habitants de retrouver un semblant de normalité, la Grosse Pomme connaît une récente recrudescence des cas de coronavirus qui a conduit à une fermeture des commerces non essentiels dans certains quartiers de Brooklyn et du Queens, mesures qui pourraient bientôt concerner d’autres quartiers. Une perspective qui fait régner un climat morose parmi les professionnels de l’industrie.
« La ville de New York est longtemps parvenue à contenir le virus, mais au cours des dernières semaines, celui-ci est reparti à la hausse, entraînant la possibilité de restrictions plus sévères, voire d’un nouveau confinement, deux éventualités qui s’avéreraient terribles pour les affaires », résume Jésus Martinez, en débardeur derrière son comptoir et souriant malgré tout. Derrière lui, les trois rouleurs de sa boutique, Martinez Cigars, s’appliquent à la tâche. Située au cœur du quartier de Midtown, dans Manhattan, non loin de l’Empire State Building, cette petite affaire familiale fabrique et commercialise des cigares depuis 46 ans.
Les rouleurs de chez Martinez Cigars s’affairent, même si l’activité est ralentie, car beaucoup de clients sont en télétravail
Si les affaires ont repris depuis la fin du confinement, la situation demeure difficile. « Nous avons été complètement fermés du 23 mars au 22 juin dernier. Depuis la réouverture, nos ventes en ligne se sont accrues, mais le commerce physique est à la peine car nous servions principalement des hommes d’affaires du quartier et des touristes. Or, beaucoup de personnes travaillent désormais à distance et il n’y a quasiment plus de touristes. En outre, nous approvisionnons plusieurs fumoirs de la ville, dont certains n’ont pas rouvert, tandis que les autres doivent accueillir un nombre de clients réduits et sont donc en difficulté. »
“Nouvelles regulations”
Même son de cloche du côté de la boutique Davidoff située sur Madison Avenue. Si l’enseigne est ouverte, le fumoir est actuellement fermé au public, et le personnel affirme que, bien que les ventes reprennent, la perspective de nouvelles restrictions pèse comme une épée de Damocles.
D’autres enseignes n’ont pas pu rouvrir. Le Nat Sherman Townhouse, une institution locale, n’a pas survécu à la pandémie. Quand au Soho Cigar Bar, autre célèbre enseigne située dans l’un des quartiers branchés de Manhattan, il est fermé “’jusqu’à nouvel ordre”.
On se rabat donc sur le Hudson Bar & Books, situé un peu plus haut, dans Greenwich Village. Là, dans une atmosphère douillette et tamisée, parmi les accords de jazz, il est possible de savourer un cocktail tout en dégustant un cigare, à condition naturellement de respecter les règles de distanciation sociale… et de commander quelque chose à manger, bien qu’il soit à peine 16h. « Nouvelles régulations obligent », commente la serveuse tout en posant une boîte d’allumettes sur la table, suivie d’un Old fashioned parfaitement préparé. Heureusement, certaines traditions demeurent intactes.
Guillaume Renouard, correspondant aux Etats-Unis (texte et photos)
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