Oxmo Puccino : « Je fume seulement au-dessus de 18°C »
Dès son premier album, Oxmo Puccino a placé sa carrière sous le signe bénéfique du cigare. Fortement marquée à l’époque par la culture rap, sa musique s’est ouverte à bien d’autres styles.
Artiste confiné, Oxmo savoure quelques beaux cigares, maintient le lien avec ses fans, réfléchit à la suite de son parcours, et prend, enfin, un peu de repos.
Votre premier disque était dédié « à mes cigares ». Les cigares ont-ils continué à jalonner votre parcours ? Quels sont aujourd’hui vos préférés ?
J’ai fait une pause, parce que je n’avais plus le temps et que j’étais bien plus stressé que quand on s’est rencontrés la première fois. Mais depuis quelques années, j’ai repris avec plaisir, dès que je le peux, et seulement au-dessus de 18°C ! Même si j’ai fait une pause, j’ai toujours eu ma cave à cigares remplie, toujours à côté de moi au cas. J’ai des cigares que je conserve depuis très longtemps, d’ailleurs ceux que je fume actuellement sont mes derniers cadeaux. Rares sont les amis qui viennent chez moi sans une boîte en cèdre. Ils ne se rendent pas compte du cadeau qu’il me font. Aujourd’hui je fume avec plaisir des Flor de Selva Corona, et des Partagás Serie D N° 5 principalement. J’ai aussi quelques Cohiba évidemment, des Robustos. Le confinement est parfait pour ce moment méditatif.
N’est-ce pas particulièrement éprouvant, pour un artiste, de se trouver coupé de son activité, de la scène, de son public, partout dans le monde ?
La vie d’artiste est entrecoupée de grands moments de bains de foule et de moments d’immense solitude, sans aucune transition. Le tout est de pouvoir s’adapter. En ce qui me concerne, ma tournée arrêtée de plein fouet me permet de me reposer et de travailler pour la suite des événements, car c’est là que tout va se passer : dans la suite des événements.
Que pensez-vous de l’annonce, par le président de la République, que les théâtres, concerts, festivals ne rouvriront pas avant l’été ? Le monde du spectacle vivant va-t-il y résister ?
Forcément, la réponse du président m’a laissé sur le tapis, et j’ai préféré rebondir en me projetant sur des choses que j’avais mises de côté, en espérant revenir avec plus de matière qu’au début du confinement, une espèce de saut dans le temps. Je pense que c’est une période décisive pour n’importe quel travailleur quel que soit son corps de métier.
Comment vous occupez-vous ?
Je dors. Ce qui, déjà, prend du temps lorsqu’on y accorde le temps nécessaire. Ensuite je prends du temps pour cuisiner en famille, faire des exercices, du yoga, des appels téléphoniques à la famille et aux potos… Tous les matins je consacre plusieurs heures à écrire et le soir je retrouve le plaisir du temps de lire… Le temps continue à passer trop vite ! Je passe beaucoup de temps sur les archives de l’INA, je ris sur les vidéos du youtubeur Loris Giuliano et me concentre sur des tutos de musique.
Oxmo Puccino apprécie particulièrement les Coronas de Flor de Selva et les Partagás D5
Comment maintenez-vous le lien avec votre public ?
Grâce aux réseaux. C’est quelque chose que j’ai toujours pratiqué, mais cette époque s’y prête plus et donne une rare sincérité aux relations, nous sommes tous égaux dans cette fragilité.
Vous êtes d’origine malienne, et vous avez toujours de la famille au pays. Avez-vous des informations sur la situation en Afrique ? On en parle assez peu ici.
Les informations que j’ai sont en attente, car le virus est arrivé plus tard là-bas, d’après ce que j’en sais. Mais en général on n’a jamais de meilleure idée de la situation que sur place. Au téléphone tout va bien, jusqu’au drame. Car la pudeur familiale empêche les proches de donner trop de détails sur leur situation.
Que prévoyez-vous de faire dans les mois à venir, quand tout aura redémarré ?
Mon actualité dans les mois à venir va rester concentrée sur le repos, la création et la réorganisation… Et j’espère retrouver mon équipage, reprendre la route et retrouver mes followers de France et d’ailleurs.
La première chose que vous ferez, dès que nous serons libérés ?
A la libération, 40 km de vélo !
Propos recueillis par Jean-Claude Perrier
Nous vous proposons également de (re)lire le portrait que nous avions consacré à Oxmo Puccino en mars 2007 (ADC n°57, lien ci-dessous) :
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