Le cigare hexagonal de Nestor Plasencia
On lui doit le Plasencia Organica, le seul cigare « bio » sur le marché, mais aussi, depuis peu, une nouvelle vitole à six côtés, baptisée Alma Fuerte… Une façon pour cet agronome de concilier le cigare avec son admiration pour la nature.
Propos recueillis par Jean-Pascal Grosso
Cigars-Connect : Tout d’abord, quelques mots sur cet étonnant Plasencia Alma Fuerte hexagonal. Pourquoi cette idée bizarre ?
Néstor Andrés Plasencia : Je suis un grand admirateur de la nature et le biomimétisme m’a toujours fasciné. Lorsque vous copiez la nature, vous vous retrouvez avec le meilleur design qui soit. Regardez ces trains à grande vitesse et leur locomotive qui ressemble à un bec d’oiseau ! Nous avons tant et tant encore à apprendre de la nature ! Alors, je me suis posé la question : “Comment appliquer cette théorie au cigare ?” J’ai étudié différentes formes et réalisé que l’hexagone était la plus magnifique, la plus géniale créée par la nature. C’est la plus efficace qu’elle ait trouvée pour occuper l’espace. Nous avons tous les formats, des salomones, etc., alors pourquoi ne pas imaginer un hexagonal ? Nous avons fait plusieurs tentatives et nous y sommes parvenus avec cet Alma Fuerte. À nous d’établir maintenant sa réputation.
Cigars-Connect : À vos yeux, qu’est-ce qui fait la singularité de l’industrie du tabac au Nicaragua ?
N. A. P. : Disons que cela se joue sur l’attention très particulière que nous portons à notre tabac et à la manière dont nous le faisons pousser. Pour produire un bon tabac, il faut bien connaître votre sol, votre terroir, votre climat, etc. Ce savoir, c’est notre principal atout. Vous devez le savoir : je suis très impliqué dans l’agriculture biologique. Durant mes études, je m’étais focalisé sur la culture des légumes bio. Une fois diplômé, je me suis dit : « Pourquoi ne pas faire de même avec le tabac ? » En partant de cette base, avec notre matière première, les qualités de notre sol, j’ai été plus que fasciné par le tabac que nous avons pu récolter. L’évolution de l’industrie, ici, s’est faite ainsi : petit à petit, par étapes, mais toujours avec de nouvelles idées, de nouveaux projets, des produits d’une qualité toujours supérieure.
Cigars-Connect : Vous êtes également très impliqué socialement. Cet engagement est-il pour vous indissociable de votre réussite ?
N. A. P. : Absolument. Nous nous sommes lancés dans plusieurs programmes à visée sociale. Chez Plasencia, nous misons beaucoup sur l’éducation. C’est pour cela que nous avons ouvert une garderie dans notre manufacture d’Estelí. Les enfants y reçoivent dès le plus jeune âge une éducation qui va leur permettre de poursuivre une scolarité dans les meilleures conditions qui soient. C’est une forme d’hommage que nous rendons à nos employés. C’est pour nous primordial mais aussi bénéfique. Depuis, les demandes d’emploi chez nous ont explosé. Nos employés se sentent beaucoup plus impliqués dans le fonctionnement de l’entreprise. Il n’y a quasiment plus de d’absentéisme. Nous faisons de notre mieux pour proposer des conditions de travail optimales. Ils ont leur propre clinique ici et dans notre ferme, vous trouverez aussi une église et une école. Nous collaborons également avec The Pacific Institute, une organisation qui aide au développement personnel dans une quarantaine de pays dans le monde. Cette notion de bien-être est pour nous une immense responsabilité.
Cigars-Connect : Quelle serait votre définition de l’entrepreneur ?
N. A. P. : Être entrepreneur, c’est savoir bousculer les choses, avoir cette volonté de les faire évoluer en permanence. Regardez ce que nous avons fait avec notre cigare bio. Nous sommes toujours les seuls à produire ce type de cigare car cela reste un exercice très compliqué. Être entrepreneur, c’est faire évoluer le statu quo, autant dans la technicité que dans le rapport à l’autre, les clients comme les employés, et chercher à faire de son mieux. Je m’inspire de sociétés comme Unilever ou Tesla. Je pense qu’elles vont dans le bon sens et leur succès est là pour prouver.
Cigars-Connect : Quid de l’Europe ? Et du marché français ?
N. A. P. : Nous avons depuis un an maintenant un responsable de marque pour l’Europe. Son rôle est de nouer des contacts avec tous les distributeurs du marché européen et de renforcer les collaborations que nous avons sur place. C’est un marché très concurrentiel, nous le savons, mais c’est à nous de faire connaître Plasencia et nos produits. Nous avons de grandes ambitions en Europe et nous disposons assurément des cigares pour nous y faire une place de choix. Faire découvrir l’Alma Fuerte aux aficionados français fait partie de nos objectifs !
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L’empire Plasencia
Néstor Andrés seconde son père depuis 2008 à la tête de Plasencia Tabacos, l’entreprise de cigares la plus importante en Amérique centrale. Via ses deux sociétés, Tabacos de Oriente, au Honduras, et Plasencia Cigar, au Nicaragua, elle possède des terres dans les deux pays, des fermes de maturation et quatre manufactures. Plasencia Tabacos, c’est 1 800 tonnes de tabac récoltées cette année, 1 500 salariés permanents et des clients comme Rocky Patel, Alec Bradley ou Flor de Selva.
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